Les 10 premières années

De 1967, première présidence d'Augustin Laurent à 1977, fin du premier mandat d'Arthur Notebart : récit chronologique des 10 premières années de la CUDL.

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La communauté urbaine de Lille entre en fonction officiellement le 1er janvier 1968. Dès le départ, elle est dotée de toutes les attributions qui lui ont été transférées comme la voirie, la gestion de l’eau et des déchets, l’aménagement urbain. Dans un premier temps, l’essentiel du travail est de gérer les transferts de personnel, de contrats, de biens, de définir les ressources et d’établir le budget primitif.

Le 1er conseil de la CUDL se tient le 2 février 1968 à l’Hôtel de ville de Lille. L’ordre du jour prévoit la formation des différentes commissions et un rapport sur l’état de la préparation du budget primitif de 1968. La 1ère délibération acte la création des commissions ainsi que la désignation des différents délégués.

Par délibération du conseil de la CUDL du 23 février 1968, le premier budget est adopté. Cependant, les premiers mois sont un tour de force dans la mesure où la CUDL fonctionne sans bâtiment, sans bureau, sans fonctionnaire officiellement à sa disposition.

Les trois premières années et le mandat d’Augustin Laurent sont marqués par des épisodes importants de l’histoire de la CUDL.

Dès le 1er octobre 1968, une compétence supplémentaire des communes est transférée à la Communauté urbaine de Lille : les transports. Les deux objectifs de la CUDL sont alors de moderniser et de fusionner les deux réseaux existants à savoir la SNELRT (Société nouvelle électrique Lille-Roubaix-Tourcoing) avec ses réseaux de tramways et de bus sur Roubaix et Tourcoing et la CGIT (Compagnie générale industrielle de transports) exploitant les transports en commun sur Lille et sa banlieue.


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La collecte hermétique vers 1970

La Communauté urbaine de Lille a également en charge les compétences Eau, Assainissement et Ordures ménagères dont la gestion est centralisée au sein d’une direction des services publics. Le but est d’en avoir une prise en charge efficiente et rentable, d’apporter une réponse efficace aux besoins de la population. Dès 1969 est ainsi construite la station d'épuration de Marquette-lez-Lille afin de lutter contre la pollution de l’eau suivie d’autres réalisations d’envergure dans ces domaines. En matière de résidus urbains, la CUDL double les fréquences de ramassage, lance des distributions gratuites de poubelles aux familles, organise les premières collectes hermétiques, c’est-à-dire dans des poubelles étanches et prévoit deux nouvelles usines d’incinération à Wasquehal et à Sequedin.

La communauté urbaine apporte également son concours à la société d’économie mixte chargée de la création du Marché d’intérêt national (MIN), approuvée par décret en 1969. Le MIN, véritable RUNGIS du Nord, est aménagé sur des terrains mis à sa disposition par la CUDL. Les travaux commencent dès le 18 octobre 1969 à Lomme. Il s’agit de transférer les Halles de Lille qui posaient des problèmes de circulation, d’hygiène et bloquaient tout un quartier au cœur de la ville de Lille.

Le 11 avril 1969, l'Établissement public d'aménagement de Lille-Est (EPALE) est créé par décret du Conseil d’État afin d’aménager la ville nouvelle à l’est de Lille. Arthur Notebart, alors vice-président de la CUDL, est élu président de son conseil d’administration le 27 juin 1969. De ce projet naît Villeneuve-d’Ascq, en février 1970, fusion d’Ascq, Annappes et Flers-lez-Lille. L’opération d’aménagement, inédite à cette échelle dans la région, sera l’occasion d’expérimentations multiples dans les domaines des transports, des espaces verts et des procédures de concertation publique.

Le 3 juillet 1969, après 9 mois de travaux, Pierre Dumont, Préfet de région, Léonce Clérambeaux, Secrétaire général et Augustin Laurent inaugurent le siège de la Communauté urbaine de Lille. Il s'agit d'un bâtiment moderne et fonctionnel qui élève ses 8 étages et ses 85 mètres de façade rue du Ballon, de l'autre côté du périphérique de Lille. Les services administratifs y sont déjà installés depuis quelques mois. Ce nouveau bâtiment est à la fois un nouvel outil de travail pour l'institution mais également son empreinte dans le paysage urbain de la métropole.

Dans le domaine de la lutte contre l’habitat insalubre, l’Organisme régional pour la suppression des courées de la Métropole (ORSUCOMN) est fondé en 1970. La CUDL lui apporte un soutien financier et donne son aval final dans les programmes de réhabilitation et de modernisation des différents quartiers.

En 1971, le Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU), établi par l’agence d’urbanisme, est adopté par la CUDL. La volonté est de remédier aux insuffisances d’une agglomération d’un million d’habitants et d’en faire une grande métropole. Il faut être en mesure de faire face à la hausse annoncée de la population. L'organisation générale du développement urbain du territoire métropolitain est lancée afin de définir les futures zones d’habitation, d’activités de loisirs ou de protection des espaces agricoles. Cette orientation sera traduite dans le futur Plan d’occupation des sols (POS) à l’étude dès 1971 par l’agence d’urbanisme et approuvé ensuite par délibération du Conseil de Communauté le 10 janvier 1975.

En 1971, Augustin Laurent, âgé de 75 ans, décide qu’il est temps d’assurer sa succession. Il quitte alors la présidence de la CUDL. Le 19 mai 1971, Arthur Notebart est élu président au moment où la métropole entame une grande mutation.

Après la fermeture par les services préfectoraux de 63 tueries particulières et de plusieurs autres abattoirs, la CUDL, en 1971, lance des travaux de rénovation de l’Abattoir-Marché de Lille, le seul qui subsiste sur le territoire. Il faut améliorer l’hygiène, moderniser et rentabiliser les installations du dernier établissement de ce secteur sur son territoire.

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Vue aérienne de l’Abattoir-Marché de Lille vers 1974


Le MIN de Lomme est inauguré le 29 avril 1972. 280 000 tonnes de fruits et légumes y sont achetés par an. Il doit faire face au ravitaillement en produits frais des différentes agglomérations du Nord. Il est le deuxième marché de gros en France derrière Rungis.

Pendant cette période de modernisation, la CUDL se dote, dès 1972, d’une centrale de données urbaines. Son rôle est de collecter, d’ordonner et de restituer toutes les données en matière de sols et de sous-sols afin de pouvoir agir le plus efficacement possible en matière d’urbanisme, de logement, de voirie et d’aménagement. En janvier 1975, afin de répondre aux besoins de cette centrale et d’autres services gestionnaires, la CUDL loue à IBM un «ordinateur central » et entre ainsi dans l’ère informatique.


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Salle informatique de la CUDL, 1975

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Logo de la centrale de données urbaines, 1972


En juillet 1973, les travaux du Stadium Nord débutent. Son architecte est Roger Taillibert également maître d'œuvre du Parc des Princes. Il se situe au centre de la ville nouvelle dans une zone destinée à offrir à la population de nouvelles possibilités de détente. Positionné au carrefour des axes autoroutiers de la région, il a dès le départ une vocation internationale. Il s’étend sur 15,5 hectares et offre une capacité de 30 000 places. Il est inauguré le 27 juin 1976 à l’occasion des championnats de France d'Athlétisme disputés par des athlètes comme Guy Drut, champion olympique et record du monde du 110 m haies.

La communauté urbaine continue sa politique de restructuration des transports collectifs vers un grand service public. Le 1er janvier 1973 les deux syndicats mixtes de transports fusionnent en un seul : le syndicat mixte d’exploitation des transports en commun de la communauté urbaine de Lille. Les conditions d’exploitation sont alors uniformisées et une nouvelle politique tarifaire plus attractive et cohérente est mise en place. En parallèle, le 2 juillet 1971, l’étude confiée à l’EPALE sur la mise en place d’un nouveau mode de transport aboutit au dépôt du brevet d’invention d’un métro totalement innovant, le futur VAL, Véhicule Automatique Léger, conçu par le professeur Roger Gabillard. Il s’agit du premier système de transport au monde automatique et sans conducteur. En juin 1975, après plusieurs années d’essais, le prototype du VAL est validé et les travaux de construction de la ligne 1 du métro s’apprêtent à commencer.


À la fin du premier mandat d’Arthur Notebart, en 1977, la Communauté urbaine de Lille s’étend sur 61 214 hectares, compte 1 100 000 habitants et regroupe 86 communes. Elle constitue un outil puissant d’aménagement au service des collectivités locales. Par l’importance des différents travaux menés, elle contribue à la relance de la vie économique de la région.


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Présentation de la Communauté urbaine de Lille en 1978, film de la CUDL / Source Cinémathèque Nord Pas-de-Calais

Accès à la vidéo sur le site de la Cinémathèque Nord Pas-de-Calais en cliquant sur l'image :