Le 18 mai 1993, le président de la République, François Mitterrand inaugure la ligne du TGV Nord accompagné de plusieurs ministres et de 2 000 invités de la SNCF. Après 1h20 et les 200 km du tronçon Paris-Lille, il arrive à la Gare Lille-Flandres où il est accueilli par Pierre Mauroy, président de la Communauté urbaine de Lille et maire de Lille. Grâce au TGV Nord européen, le territoire métropolitain de Lille se trouve désormais àseulement une heure de Paris, puis à 38 minutes de Bruxelles et enfin bientôt à 1h20 de Londres, via le futur tunnel sous la Manche encore en travaux, le TGV transitera alors par la nouvelle Gare Lille-Europe.

François Mitterrand arrive dans un quartier alors en pleine mutation. En effet, l’arrivée du TGV Nord européen se conjugue avec un autre grand chantier, celui d’ «Euralille».

Mais comment en est-on arrivé là ? 

Pierre Mauroy a tenu un rôle essentiel dans la création et la réalisation d’ Euralille.

Sa première ambition est de sortir le territoire de la métropole lilloise de cette image de territoire en crise stigmatisé par la désindustrialisation, de lui donner une dynamique et une envergure européenne lui, qui se trouve au centre du triangle Paris-Bruxelles-Londres.

Pierre Mauroy est également motivé par un « autre rêve de gosse » celui de relier avec un tunnel sous la Manche l’Angleterre à la France. Lors de la  IIe conférence du Conseil franco-britannique à Édimbourg du 14 au 16 mai 1982, alors Premier ministre, il s'entretient avec Margaret Thatcher, Première ministre britannique. Cette dernière ne s'oppose pas à la perspective de la construction du tunnel sous la Manche, projet qui s'était enlisé dans les années 1970. L’accord France Transmanche est signé à l’hôtel de ville de Lille entre Margaret Thatcher et François Mitterrand, le 20 janvier 1986.

Mais qui dit tunnel sous la Manche dit train à grande vitesse, Pierre Mauroy bataille alors pour obtenir le passage par Lille du TGV Nord européen vers Londres mais également Bruxelles et obtient gain de cause. Autre combat, l’implantation de la gare du TGV sera en plein centre-ville de Lille. Cependant, il n’envisage pas que le TGV Nord européen transite à l’avenir par la gare Lille-Flandre plus connue selon lui pour ses cafés et son odeur de frites. Il désire créer une véritable « turbine tertiaire » et modifier positivement l’image de la métropole. Il se lance alors dans l’opération « Euralille » projet "urbain de référence et pôle d'excellence métropolitain"  afin de doter la métropole lilloise d’un centre d’affaires à l’échelle des grandes métropoles européennes. Ce projet est positionné sur les 70 hectares des anciennes fortifications de Vauban où se trouvera également la nouvelle gare Lille-Europe dont l’architecte sera Jean-Marie Duthilleul.

En février 1988, la société d’études Euralille-Métropole est créée pour mener à bien le projet et c’est l’agence néerlandaise OMA de l’architecte urbaniste Rem Koolhaas qui est choisie parmi 8 architectes lors d’une consultation internationale.

Les travaux débutent en février 1991.

Ce 18 mai 1993, Pierre Mauroy convie François Mitterrand à une visite du chantier d’ « Euralille » et lui présente la maquette du projet.

Lors de son discours, François Mitterrand aura ces mots en hommage à Pierre Mauroy « J'ai eu le temps d'admirer, ce que j'ai pu voir et qui, autour du TGV, donne à la ville de Lille et à l'ensemble du Nord (…), un tout nouvel élan, et signifie un rassemblement autour des mêmes objectifs. Il est vrai que les habitants du Nord et du Pas-de-Calais en particulier, tireront un véritable profit des premiers - mais pas des seuls - grands travaux qui feront de la capitale régionale le centre des puissantes métropoles européennes d'alentour. (…)

Vous avez décidé, monsieur le maire (ndlr Pierre Mauroy), de saisir l'occasion de l'arrivée du TGV dans votre ville pour bâtir au cœur de votre cité, de la communauté urbaine formée de 87 communes, un important centre d'échange international, une métropole européenne que vous avez nommée "Euralille". (…)

Quant à vous, monsieur le maire, cher Pierre Mauroy, nous savons que rien de tout cela n'aurait été possible sans votre opiniâtreté, votre attachement à votre ville, à votre région, à son avenir.»

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